• Au moins 22 personnes tuées et 117 blessées, hier soir, dans deux raids aériens ennemis ciblant la capitale libanaise (le premier sur Ras el-Nabaa, l’autre à proximité sur le quartier de Basta), selon un bilan provisoire du ministère libanais de la Santé.
• Des Casques bleus blessés par un tir sioniste au Liban-Sud, Madrid dénonce une «violation grave» du droit international
SYNTHÈSE — Un raid sioniste a visé, hier soir, peu après 20h00 (18h00, heure tunisienne), le cœur de Beyrouth. Selon la chaîne al-Jadeed, deux frappes ont touché la capitale : la première sur Ras el-Nabaa, l’autre à proximité sur le quartier de Basta. D’après des médias libanais, un bâtiment entier se serait effondré. La chaîne 12 sioniste affirme que le responsable de l’unité de coordination du Hezbollah, Wafic Safa, aurait été visé dans l’attaque.
Vingt-deux personnes ont été tuées et 117 blessées dans cette agression, indique un bilan provisoire du ministère libanais de la Santé, le plus meurtrier dans la capitale depuis que l’entité sioniste et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte.
C’est la troisième fois que l’aviation sioniste vise la capitale libanaise depuis que ses tirs transfrontaliers avec le Hezbollah ont tourné à la guerre ouverte le 23 septembre.
Depuis cette date, plus de 1.200 personnes ont été tuées à travers le Liban et plus d’un million ont été forcées de fuir leurs maisons.
Parallèlement, les affrontements se poursuivaient, hier, à la frontière entre les combattants du Hezbollah et l’armée sioniste, qui a annoncé la mort d’un soldat. Le Hezbollah a, pour sa part, affirmé avoir frappé un «char israélien qui avançait en direction de Ras Naqoura».
Un peu plus tard, la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul), qui compte environ 10.000 soldats, a indiqué que deux Casques bleus avaient été blessés par un tir de char de l’armée sioniste sur une tour d’observation du quartier général de la force onusienne à Naqoura. L’armée sioniste a également tiré sur la position «1-31» de la Finul à Ras Naqoura, «touchant l’entrée du bunker où des Casques bleus se réfugiaient, endommageant des véhicules et un système de communication ». Un drone sioniste a, par ailleurs, été observé survolant la position de la Finul jusqu’à l’entrée du bunker.
La Maison-Blanche « très préoccupée », Paris «attend des explications»
Les Etats-Unis sont « très préoccupés » par les informations faisant état de tirs sionistes contre la force de l’ONU déployée au Liban (Finul), a dit hier un porte-parole du Conseil national de sécurité. « Israël mène des opérations ciblées près de la Ligne bleue (qui sépare le Liban de l’entité sioniste, NDLR) […]. Pendant qu’ils (les forces sionistes, NDLR) conduisent ces opérations, il est vital qu’ils ne menacent pas la sécurité des forces de maintien de la paix de l’ONU », a-t-il ajouté.
En outre, la France «attend des explications» de l’entité sioniste, a déclaré hier le ministère français des Affaires étrangères.
«La protection des Casques bleus est une obligation qui s’impose à toutes les parties à un conflit», a souligné le ministère dans un communiqué, insistant sur le fait que Paris «condamne toute atteinte à la sécurité de la Finul».
En revanche, le ministère des Affaires étrangères espagnol a dénoncé, hier, une «violation grave du droit international», en demandant que la sécurité des Casques bleus soit «garantie».
«Le gouvernement espagnol condamne fermement les tirs israéliens qui ont touché le quartier général de la Finul à Naqoura et blessé deux casques bleus (…) Leur sécurité doit être garantie», écrit le ministère dans un court communiqué.
«Les attaques contre des opérations de maintien de la paix constituent une violation flagrante du droit international humanitaire et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité», poursuit le ministère.
Cette résolution, qui a acté la fin de la précédente guerre entre l’entité sioniste et le Hezbollah en 2006, stipule que seules les forces de maintien de la paix de l’ONU et l’armée libanaise peuvent être déployées dans le sud du Liban.
Cette attaque a été vivement condamnée par l’Italie — premier pays occidental contributeur de la Finul en termes d’effectifs, avec près de 900 militaires mobilisés —, qui a dénoncé de possibles «crimes de guerre».
L’Espagne dispose de son côté de plus de 600 soldats au sein de la Finul, dirigée depuis 2022 par un général espagnol.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a qualifié avant-hier d’«invasion» l’offensive sioniste au Liban, estimant que la communauté internationale ne pouvait pas «rester indifférente» face à cette situation .
Sánchez regrette «l’absence d’accord » au sein de l’UE sur la situation au Proche-Orient
Pedro Sánchez, qui multiplie les critiques contre l’entité sioniste depuis le début du conflit dans la bande de Gaza, a par ailleurs dit regretter «l’absence d’accord au sein de l’Union européenne» sur la situation au Proche-Orient.
«Je le regrette parce que je crois que sur ces questions, nous devrions être cohérents non pas avec notre position mais cohérents avec la défense du droit international et du droit international humanitaire», a-t-il précisé.
L’armée ennemie avait mené plusieurs frappes, avant-hier en soirée puis dans la nuit, contre la banlieue sud de Beyrouth. Des frappes nocturnes meurtrières ont également eu lieu dans la Békaa et au Liban-Sud. Sept membres de la défense civile ont également été tués par une frappe sur le salon de l’église de Derdghaya, à l’est de Tyr. Dans la Békaa, des raids sur Bouday, Sohmor et les environs de Baalbeck ont fait dix morts. Avant-hier, cinq personnes avaient été tuées dans une frappe sioniste sur Wardaniyé, au Chouf.
D’autre part, on apprend que l’armée sioniste a, également, effectué deux frappes sur un poste-frontière entre le Liban et la Syrie, dans la région du Hermel.
Il est à signaler que Joe Biden et Benjamin Netanyahu ont eu un entretien téléphonique avant-hier soir, le premier depuis sept semaines.Lors de cet entretien, Biden a demandé à Netanyahu de « réduire au maximum l’impact sur les civils » au Liban, en particulier à Beyrouth […], selon un compte rendu de leur conversation téléphonique. Le président américain a également « souligné la nécessité d’une solution diplomatique » pour permettre le retour des populations civiles du nord de l’entité sioniste et du sud du Liban.
Washington n’appelle plus, en revanche, comme il y a une dizaine de jours, à un cessez-le-feu au Liban, disant au contraire soutenir l’offensive sioniste, fort de ses récents bombardements depuis l’assassinat du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Mais ils craignent un scénario à la Gaza et s’efforcent d’encadrer la réponse sioniste.
Ce communiqué de la Maison-Blanche ne donne pas de détails sur la riposte attendue de l’entité sioniste à l’attaque de missiles iranienne du 1er octobre, mais souligne que le président américain et le Premier ministre sioniste ont convenu de « rester en contact étroit ces prochains jours, directement et via leurs équipes de conseillers à la sécurité nationale ». Avant-hier soir, le ministre sioniste de la Défense, Yoav Gallant, avait déclaré que les représailles contre l’Iran pour son attaque de missiles seront «létales, précises et surprenantes ». Le cabinet sioniste devait se réunir, hier soir, pour discuter de sa réponse à la dernière attaque iranienne de missiles.
«Jusqu’à présent, nous avons constaté sur le terrain des incursions terrestres limitées» au Liban, a indiqué avant-hier le porte-parole de la diplomatie américaine, Matthew Miller. «Nous allons continuer à avoir des conversations avec le gouvernement israélien à ce sujet, car je pense qu’il est évident qu’il y a un moment où ce qu’ils font maintenant se transformera en quelque chose de différent qui aura des implications politiques évidentes à l’intérieur du Liban, ainsi qu’un impact humanitaire sur le peuple libanais », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont ainsi mis en garde l’entité sioniste contre toute offensive au Liban qui « ressemblerait» à ce qui s’est passé dans la bande de Gaza, ravagée par un an de guerre sans répit menée par l’entité sioniste en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Avant-hier, Benjamin Netanyahu avait averti que le pays pourrait subir les mêmes « destructions et souffrances » que Gaza […].
Les Américains « ne font rien », dixit Nabih Berry
Rien ne laisse présager une percée diplomatique prochaine apte à faire taire les canons. C’est en tout cas ce qu’a confirmé avant-hier le président du Parlement, Nabih Berry, qui a estimé qu’il n’y a pas d’avancée significative dans « l’arrêt de la guerre avec Israël », ajoutant que «les Américains disent qu’ils veulent cet arrêt mais ne font rien pour cela».
Il est à rappeler que le Hezbollah a annoncé, avant-hier, de nouveaux affrontements avec des soldats sionistes dans le sud du Liban, et avoir repoussé plusieurs tentatives d’incursions. Depuis le début des opérations terrestres sionistes, le 30 septembre, dans cette région, le parti chiite affirme régulièrement contrer ces avancées, près de deux décennies après le retrait sioniste en 2000. Le Hezbollah a aussi diffusé de nouvelles images du territoire sioniste prises à partir d’un drone, dans le cadre de sa série baptisée « al-Hodhod ». De nombreux médias locaux ont relayé ces images.
Des accrochages ont opposé, aussi, avant-hier soir des déplacés syriens et libanais d’une part, et les forces de l’ordre d’autre part, sur la corniche de Aïn el-Mreissé, à Beyrouth.
Répondant à la question d’une journaliste lors d’une conférence de presse, la coordinatrice des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a déclaré que l’entité sioniste n’avait « pas l’intention de rendre l’aéroport de Beyrouth inopérable ». Cependant, Hennis-Plasschaert a souligné qu’il n’y avait « aucune garantie pour l’avenir« , bien que les intentions actuelles soient de « préserver son bon fonctionnement ». Lorsqu’elle a été interrogée sur la source de ces informations, elle a indiqué qu’elles avaient été « communiquées par de nombreuses parties », y compris le département d’État américain et des interlocuteurs sionistes, confirmant que « les contacts sur le terrain avaient également transmis ces données ».
Le Liban et ses 600.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays sont confrontés à une « crise humanitaire catastrophique », se sont émus avant-hier deux responsables de l’ONU.
Enfin, Paris accueillera, le 24 octobre, une conférence internationale sur le Liban.
La Presse de Tunisie avec agences et médias